39e goutte d’Emouna : La nature profonde du juif : Reconnaître la vérité
BECHEM HACHEM NA’ASSÉ VÉNATSLIAKH
18.12.24 – 17 Kislev 5785 (39ème GOUTTE) – VAYECHEV
La nature profonde du juif : Reconnaître la vérité
Nous voici en présence d’un épisode difficile à cerner : la relation entre Yéhouda et Tamar.
Yéhouda avait marié ses deux premiers enfants à Tamar, mais ‘Er et ‘Onân commirent des fautes graves et trouvèrent la mort.
Yéhouda lui promit alors son troisième fils : Chélah, il tardait à le lui donner, pensant qu’à Tamar s’appliquait la loi de « icha katlanite »-« femme qui a la réputation d’abréger les jours de son mari », avec laquelle il est interdit de se marier.
Voyant que Yéhouda ne tenait pas sa promesse, et estimant que le temps d’attente était révolu, elle fut poussée par le désir Divin de s’unir à Yéhouda lui-même, et s’assit à la croisée des chemins, en se voilant la face, pour ne pas être reconnue.
Yéhouda fut détourné de sa route par la Volonté providentielle comme nous le voyons dans le chapitre 38, verset 16 :
« Il dévia vers elle son chemin. »
Rabbi Yo’hanan dit que :
« Yéhouda voulut passer outre mais que D. députa un ange préposé à la concupiscence et lui dit : « Où vas-tu Yéhouda ? D’où viendront donc les rois et d’où viendront les libérateurs ? » (Rabba C, 85)
Il eut alors une relation avec elle, il lui promit en compensation un chevreau de son troupeau. Il lui donna comme gages son sceau, son manteau et son bâton, qu’elle lui remettrait, lorsqu’il payerait son dû.
Yéhouda s’en alla. Il envoya rechercher la femme, pour lui payer son salaire et récupérer ses gages, mais personne ne la connaissait et ne l’avait rencontrée.
Trois mois plus tard, Yéhouda entend que sa belle-fille est enceinte.
Il décide alors de la condamner à la peine de mort par le feu, pour n’avoir pas rempli ses engagements de chasteté vis-à -vis de son troisième fils.
Au moment de sortir sur la place publique, Tamar va alors se révéler être une des plus grandes femmes d’Israël, en chargeant les bourreaux de dire à Yéhouda, qu’elle était enceinte de l’homme, auquel appartenaient ce bâton, ce manteau et ce sceau.
Elle ne voulait pas humilier Yéhouda, c’est la raison pour laquelle elle se dit :
« Soit il assume sa responsabilité, soit, il la rejette, auquel cas, il vaut mieux mourir par le feu, que de faire blêmir son prochain en public. » C’est d’ici, que la Guémara et la halakha ont tiré cette loi.
Elle lui demande alors de reconnaître les objets et d’épargner trois vies humaines : la sienne et celles des jumeaux.
Yéhouda va alors dévoiler sa grandeur, sa noblesse en reconnaissant la Vérité : elle était enceinte de lui.
Le Midrach enseigne qu’une voix céleste est sortie et a dit : « miméni » « de Moi » : c’est de Moi, Hachem qu’est sortie cette union : je voulais que la lignée des rois d’Israël soit issue de Yéhouda et de Tamar, qui fut choisie par le mérite de sa grande pudeur.
Rachi rapporte qu’ : « Elle avait le visage couvert, lorsqu’elle était dans la maison de son beau-père, elle était vertueuse. »
Il faut bien admettre que cette façon de mettre au monde des enfants est des plus insolites !
Notre Maître, le Rav Imanouel Tolédano explique qu’Hachem pour dérouter le yetser hara’, use parfois de subterfuges, afin que les ascendants du Machiah’ ne soient pas neutralisés, à la naissance, par les forces du mal.
Pour que le Machiah’ descende de Tamar, il fallait utiliser des procédés, qui défraient le conventionnel, afin que le yetser hara’ ne se doute de rien.
Ce commentaire nous interpelle à plus d’un titre.
Rav Avraham Guedj, ‘alav hachalom, nous a donné un éclairage sur cet épisode (Site Atérét Malkhout- Hakarat Hatov).
Comment Yéhouda a-t-il pu trouver la force de reconnaître sa responsabilité et ses torts en public, faisant fi de sa position sociale et du regard de l’autre ?
Pour répondre à cette question, il analyse l’attitude de Yéhouda et sa nature profonde.
Yéhouda aurait pu se taire et pourtant, il avoue : « tsadka miméni » « elle est plus juste que moi ! »
C’est un homme de émet.
L’essence même de Yéhouda est la reconnaissance. Il porte en lui un héritage génétique. Sa mère avant lui remercie Hachem, témoignant de sa gratitude pour la naissance d’un autre fils.
Yéhouda est son quatrième. Ce n’est pas le fruit du hasard !
Le chiffre quatre est représenté par la lettre « dalet » : la porte.
Yéhouda est celui qui ouvre la porte vers la délivrance. Il est le fondateur de la tribu messianique.
Yéhouda est l’archétype du yéhoudi, c’est celui qui va reconnaître tout au long de l’histoire.
La « odaa » est la base du judaïsme et recouvre, selon Rav Guedj, trois significations :
- Reconnaître, c’est admettre la réalité du monde, que tout est dans les mains d’Hachem,
- Remercier Hachem, pour être encore en vie, dès le matin, avec « modé ani» et pour les miracles, dont nous sommes les bénéficiaires, avec « modim ana’hnou », dans la chmona essré.
- Louer Hachem : « Tov léodot laHachem», qui est source de toutes bénédictions.
Il nous faut franchir ces trois étapes pour être un ben Tora.
C’est une hadrakha dans la vie !
Reconnaître la vérité, nous rendre à l’évidence que la Tora est une finalité en soi, est une leçon d’espoir, le tremplin pour une téchouva.
Rav Nissim Yaguen pose une question, qui met en exergue la grandeur de ceux qui reconnaissent la Vérité.
Comment se fait-il qu’Amram, qui était le Maître de sa génération ait mérité de voir la naissance dans son foyer, de Moché Rabénou, l’un des plus grands hommes de tous les temps ?
Il répond que lorsqu’Amram avait interdit aux enfants d’Israël de procréer, la petite Myriam lui adressa une réprimande sévère et sans détour :
« Ton décret est plus cruel que celui de Pharaon. Il a décrété la mort uniquement des nouveau-nés garçons alors que tu as, pour ta part, ajouter celle des filles. »
Comment aurions-nous réagi face à des propos aussi durs, qui frisent presque l’insolence ?
Le propre d’un enfant est de se conforter à une certaine forme de soumission, vu son jeune âge et son statut. Nous n’aurions même pas fait cas de ces paroles.
Mais Amram a fait preuve d’une grandeur d’âme exceptionnelle, en acceptant de faire sienne la Maxime des pères :
« Quel est l’homme sage ? Celui qui apprend de chacun », même au prix d’une remise en question.
Il décida, sur le champ, de révoquer son décret, qui avait été accueilli par tous les bné Israël.
Peu de temps après, naquit Moché Rabénou, l’homme qui incarne, par excellence, la Vérité.
Notre sainte Tora regorge d’exemples, qui illustrent ces propos.
Chacun doit essayer de vivre avec la Vérité de la Tora et d’Hachem.
Prions pour que l’Éternel nous donne les forces, d’aller puiser dans la nature profonde du yéhoudi, qui cherche à reconnaître la Vérité et l’épouser !
Là , est la clé du bonheur dans ce monde-ci et dans le monde à venir !