Torah de lumière

BECHEM HACHEM NA’ASSÉ VÉNATSLIAKH
08.12.2020 – 22 Kislev 5781 (38^ème GOUTTE)

VAYÉCHEV

Le libre-arbitre : Comment Réouven a sauvé son frère?

 

Dans Vayéchev, nous lisons un passage assez surprenant. Les frères de Yossef décidèrent de le tuer. Ils avaient jugé qu’il les dérangeait dans leur élévation spirituelle, du fait qu’il ternissait leur image, auprès de leur père, qui était également leur Maître.

Or, nous connaissons la loi de la Tora qui stipule qu’en cas de légitime défense, on a le droit de tuer, avant que l’autre ne nous tue.

Á plus forte raison, lorsqu’il s’agit d’une mort spirituelle, causée par ce qu’ils considéraient comme les calomnies de Yossef, qui auraient empêché les frères de recevoir la Tora de leur père.

La Tora va nous révéler que Réouven va sauver la vie de Yossef, en proposant à ses frères, une solution des plus étonnantes.

Chapitre 37, 22 à 24 :

« Réouven leur dit : « Ne versez pas le sang ! Jetez-le dans ce puits qui est dans le désert, et ne portez pas la main sur lui ! Afin de le sauver de leurs mains, et le ramener à leur père…Ils le saisirent, le jetèrent dans le puits. Le puits était vide, il n’y avait pas d’eau. »

Rachi commente cette redondance à l’aide de la Guémara Chabbat 22a : « s’il est écrit qu’il était vide, ne sait-on pas qu’il était sans eau ? »

Pourquoi cette précision : « Il n’y avait pas d’eau» ?

Pour nous enseigner qu’il n’y avait certes pas d’eau, mais « qu’il y avait des serpents et des scorpions. »

Si c’est ainsi, on a du mal à comprendre ce passage.

Le Or Ha’haïm Hakadoch pose une question intéressante : comment la Tora peut-elle faire dépendre le sauvetage de Yossef Hatsaddik de son frère Réouven ?

La réponse nous est donnée dans la guémara Bérakhot, (premier Chapitre), où le nom de Réouven a été choisi par Léa, qui disait : Réouven « réou béni », « regardez mon fils, qui n’est pas comme ‘Essav qui a troqué son droit d’aînesse à Ya’acov pour un plat de lentilles et a remis en question son acte en voulant le tuer.

Mon fils a été destitué du droit d’aînesse par Yossef, et a, malgré tout, voulu lui sauver la vie ! »

En quoi le fait de jeter son frère dans un puits, empli de scorpions et de serpents, peut lui faire mériter le titre de lui avoir sauvé la vie ?

En réalité, Réouven doutait de la sentence qui s’appliquait à son frère, et ne voulait pas être coresponsable de sa mort, si cette dernière n’était pas voulue par Hachem : le Juge de Vérité.

Voilà pourquoi, il a proposé à ses frères de le jeter dans le puits, habité par les serpents et les scorpions.

Le Or Ha’haïm précise que les animaux n’ont pas de libre-arbitre. Par conséquent, si c’était la Volonté d’Hachem que Yossef périsse, alors Il leur aurait donné la permission de le piquer ou de le mordre.

Réouven, qui a laissé Hachem décider du sort de son frère, est considéré comme s’il l’avait sauvé.

Le Or Ha’haïm nous enseigne ici que l’homme a le libre-arbitre. Voilà pourquoi, en laissant Yossef parmi les animaux dangereux, il comptait sur la Providence Divine, qui le sauverait des mains de Chimon et Lévi, en accomplissant un miracle.

Tout comme le Roi David, s’est remis dans les mains d’Hachem, quand il s’est adressé au prophète Gad : 

« Livrons-nous à la main de l’Éternel, car Il est plein de miséricorde, plutôt que de tomber dans la main de l’homme. »(Samuel II,4)

Une autre explication moins littérale de ce passage, nous est livrée par les commentateurs.

Le « bor »- « puits » signifie en français, seau. La Tora est comparée à de l’eau.

On nous enseigne alors, que le seau dépourvu des eaux de la Tora, est plein de scorpions et de serpents, qui sont le symbole du danger, des vertus répréhensibles, et de tous les maux du monde.

C’est pourquoi, nous devons chaque jour emplir notre « kéli » d’eau : de Tora, afin de vivre pleinement notre judaïsme, en bénéficiant des bénédictions.