149e goutte d’Emouna : Servir Hachem dans le renouveau et la joie

BECHEM HACHEM NAASSE VENATSLIAKH
01.06.20 Р9 Sivan 5780 (149̬me GOUTTE)

 

Servir Hachem dans le renouveau et la joie

 

La Paracha Beaalotheka que nous allons lire nous rapporte l’allumage de la Ménora par Aharon Hacohen. La lumière du monde sortait du Michkane et de sa Ménora. Aharon, comme nous l’enseigne le Midrash était désolé de ne pas avoir pu apporter un Korban à Hachem au même titre que les autres Présidents de Tribus[1].

Voilà pourquoi Hachem lui a dit : « Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières de la Ménora ». Ainsi commente Rachi au nom du Midrash Tanhouma[2].

Le verset 3 poursuit, en décrivant le comportement d’Aharon, en nous disant que suite à l’ordre d’Hachem, d’allumer la Ménora, « Ainsi (qu’Hachem lui avait ordonné) fit Aharon ». Comment aurait-il pu en être autrement ? Pouvions-nous penser qu’Aharon modifie l’ordre d’Hachem ? Et Rachi sur place encore plus surprenant, ce verset vient nous faire l’éloge d’Aharon qui n’a rien changé (à l’ordre reçu) (Sifri).

En quoi est-ce une qualité de ne pas avoir changé l’ordre d’Hachem ? Le contraire aurait été une faute grave mais le fait de ne pas avoir changé ne semble pas être digne de louanges ?

J’ai un souvenir impérissable de ce passage que m’avait fait partager Rav Moti Cohen, quand j’étais encore étudiant à Toulouse, il y a plus de 6 ans. Je me souviens qu’il m’avait donné au moins 10 explications sur ce Rachi. J’étais tellement heureux d’entendre cette Tora de vie, que ce moment est encore frais dans ma mémoire. Voici donc quelques explications :

Lorsque la Tora vient faire l’éloge d’Aharon en nous disant qu’il n’a pas changé, c’est que son dernier allumage de la Ménora, 40 ans après, a été accompli dans la même ferveur, avec la même intensité, avec la même joie que l’avait été le premier.

C’est pourtant une des choses les plus difficiles dans le Service divin : le fait de se renouveler et de ne pas tomber dans la routine. Imaginons-nous, si nous avions l’opportunité de rencontrer le plus Grand Tsadik du Peuple d’ Israël, quelle forte impression ça nous a fait la première fois! Si on se liait d’une étroite relation avec lui, et qu’on pouvait le rencontrer aussi fréquemment qu’on le souhaitait, plus les rencontres se succèderaient et moins l’impression serait forte.

Imaginons nous à présent Aharon Hacohen : quelle joie, quel honneur a-t-il du ressentir la première fois, qu’il allumait, prenant conscience qu’il avait été l’élu d’Hachem pour illuminer le monde par les lumières de la Ménora. Combien a-t-il dû travailler sur lui-même, pour se renouveler et conserver ce même amour de la Mitsva, et lui accorder la même concentration. Voilà pourquoi la Tora vient mettre à l’honneur ce comportement exemplaire et unique d’Aharon.

Une autre explication concerne l’humilité d’Aharon. « Aharon n’a pas changé ». Tout homme normalement constitué, après s’être vu conférer tant d’honneurs pourrait s’enorgueillir d’avoir été choisi pour cette prérogative unique. Et bien pour Aharon, ce ne fût pas le cas, il lutta durant ces 40 années de service pour ne pas s’emplir d’un sentiment de supériorité et d’orgueil du fait d’avoir été l’élu d’Hachem. C’était le même Aharon humble avant ces allumages, qu’après ces allumages. Il n’avait pas changé.

Encore une autre façon de voir la chose est rapportée par un grand Tsadik Rabbi I’chyl Z’l. Un homme qui se voit conférer une responsabilité aussi merveilleuse peut perdre la tête, et servir avec une joie tellement grande qu’il peut perdre toute notion de crainte dans l’accomplissement de l’ordre. À l’instar d’un serviteur qui aurait pu renverser la coupe sur la tenue du Roi, par joie exacerbée de servir le monarque, Aharon aurait pu renverser les coupoles d’huile devant le Roi des rois, du fait de sa joie intense. Ce ne fut pas le cas, Aharon sut se contenir pour concilier la joie et la crainte ; Il n’oublia jamais devant qui Il se tenait, devant le Maître de l’Univers.

Il y a encore de nombreuses explications mais je vous laisse méditer afin de les découvrir par vous-même, je vous invite à nous les faire partager si vous avez des idées. D’ici là, que nous ayons le mérite de ressembler à Aharon, dans notre Service d’Hachem avec toujours plus de renouveau, et d’amour des Mitsvot, c’est là une base fondamentale qui nous permettra de trouver grâce à Ses yeux.

Si nous œuvrons parallèlement avec humilité, alors notre place sera encore plus proche d’Hachem.

[1] Paracha Nasso

[2] Bamidbar Chapitre 8, verset 2

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