193e goutte d’Emouna : Tora et/ou travail : les piliers du monde

BÉCHEM HACHEM NA’ASSÉVÉNATSLIAKH
25.07.2021 Р16 Av 5781 (193̬me GOUTTE)

Tora et/ou travail : les piliers du monde

 

Abordons aujourd’hui une grande polémique, qui existe depuis bien longtemps au sein de notre peuple :

Les étudiants des yéchivot et les avrekhim des Kollelim, ont-ils le droit de ne s’adonner qu’à l’étude de la Tora, sans faire le moindre travail parallèlement ?

Leur est-il permis de ne fournir aucun effort matériel pour voiler le miracle d’Hachem, qui consiste à leur procurer la subsistance ?

Cette question est soulevée dans le livre « Quelques gouttes de Lumière pour l’Éternité » parachat Bechalakh’ (p.125 et s.), « Parnassa et Réfoua venues du Ciel ».

Nous rapportons la controverse entre Rabbi Chim’on Bar Yokhaï et Rabbi Ichmaël dans le Traité Berakhot 35b.

Rabbi Ichmaël pense que l’homme doit faire un effort minimal pour pourvoir à ses besoins élémentaires et avoir de quoi vivre, pour s’adonner à son étude et au service Divin.

Rabbi Chim’on Bar Yokhaï, quant à lui, énonce clairement que si l’homme a une foi entière, il peut s’en remettre complètement entre les mains d’Hachem, pour les questions de subsistance.

La Guémara au nom d’Abbayé, conclut que la halakha est comme Rabbi Ichmaël. Beaucoup ont fait comme lui et ont réussi à concilier travail et Tora, alors qu’un grand nombre a tenté de suivre Rabbi Chim’on mais a échoué.

Ceci étant, le ‘Hafets ‘Haïm, dans son « Byiour Halakha », (Michna Broura, commentaire sur le Choulkhan‘Aroukh, Loi 155), précise que la décision halakhique de devoir fournir un effort minimum pour la parnassa, n’est pas absolu.

Il existe cependant quelques personnes dans le monde qui réussissent, en persévérant dans la voie de la Tora uniquement.

Ainsi rapporte le Rambam à la fin des Lois sur la Chémita, dans son Michné Tora, en commentant une phrase de notre paracha : (Dévarim, 10, 9) :

« C’est pourquoi le Lévi n’a pas eu de part ni d’héritage avec ses frères, Hachem Lui, est son héritage, comme Hachem ton Eloquim, Lui a déclaré. »

Rachi commente : que les Léviim ont été séparés pour le Service de l’autel et qu’ils ne sont, de ce fait, pas disponibles pour labourer et ensemencer. Ils perçoivent un salaire préparé dans la maison du Roi (Temple).

Il s’agit du ma’asser, (dîme prélevée), qui aujourd’hui a été fixé à 10% net des revenus.

Le Rambam déclare :

« De tout temps, la tribu de Lévi a maintenu sa vocation d’étudier en permanence depuis l’Égypte, où elle n’était pas assujettie aux contingences du travail. Aujourd’hui les étudiants des Yéchivot et des Kollelim l’ont remplacée. »

Les gens se demandent souvent pourquoi nos ancêtres dans les pays du Magreb ou même dans les pays d’Europe de l’Est, étaient d’un niveau spirituel infiniment supérieur au nôtre, d’une sagesse bien plus étendue, et pourtant ne faisaient pas de la Tora, leur seule parnassa.

Chacun s’adonnait quelques instants de la journée à son gagne-pain. Aujourd’hui, ce monde de la Tora semble, aux yeux de certains, « un monde de parasites » « profitant d’un système » mis en place par l’État. 

Le ‘Hafets ‘Haïm et le ‘Hazon Ich ont décidé d’opter vers un « koulo kodech » une consécration de tout son temps à la Tora pour une catégorie bien précise du peuple, du fait de la dégénérescence du niveau spirituel, que nous subissons encore plus, depuis un demi siècle.

La rue se montre de plus en plus provocatrice et de plus en plus agressive.

Voilà pourquoi, il est devenu quasiment impossible de réussir à maintenir un haut niveau de Tora, en se consacrant, corps et âme, nuit et jour, sans interruption, sans autres projets.

Voici l’explication telle que je l’ai reçue, de la part de mes Maîtres :

Nous devons savoir et être convaincus du rôle indispensable des Bné Tora, qui se sacrifient pour l’étude de la Tora.

En échange d’une rémunération vitale minimale, dispensée par tous les frères, qui soutiennent le monde de la Tora et des Yéchivot et qui ont, de ce fait, leur part éternelle dans la Tora et dans le monde futur.

Le Talmud insiste à bien des endroits, pour nous dire que le monde repose sur ces étudiants, qui n’ont rien d’autre dans leurs vies, que la Tora.

Avraham a voulu sauver toute la ville de Sodom, en trouvant dix tsaddikim, qui s’adonnaient à l’étude de la Tora.

Ces tsaddikim, perçus comme des « parasites », auraient pu sauver la ville …

Ce terme péjoratif de « parasites » est cautionné par Hachem avec une connotation laudative, puisque grâce à cette poignée de « parasites », le monde est aujourd’hui encore sur pieds…

Que nous ayons le mérite d’étudier et de soutenir la Tora, pour faire partie des piliers du monde !

 

 

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