18e goutte d’Emouna : Sarah : la femme du peuple

BECHEM HACHEM NA’ASSÉ VÉNATSLIAKH
15.11.2022 – 21 Mar ‘Hechvane 5783 (18ème GOUTTE)

‘HAYÉ SARAH

Sarah : la femme du peuple

 

Dans les premiers versets de la paracha ‘Hayé Sarah, un fait surprenant nous interpelle. En effet, Sarah vient de regagner le monde de la Vérité, suite à une grande peur occasionnée par le Satan.

 

Rachi précise au nom du Pirké dé Rabbi Éli’ézer (32) que le récit de la mort de Sarah suit celui de la ‘akédate Yits’hak.

 

Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, et que peu s’en fallut qu’il n’ait été immolé, elle a subi un grand choc et a rendu l’âme.

 

Nous ne pouvons être qu’admiratifs et étonnés devant la réaction d’Avraham Avinou, décrite au chapitre 23, verset 2 :

 

« Vayavo Avraham lispod léSarah vélivkota » – « Avraham vint faire l’éloge funèbre pour Sarah et pour la pleurer. »

 

Le commun des mortels pleure d’abord son mort et procède ensuite à l’éloge funèbre. Pourquoi Avraham n’a-t-il pas suivi cet ordre logique ?

 

Une réponse exceptionnelle m’a été révélée, lors d’une oraison funèbre.

Nos Sages expliquent qu’il y a deux types de personnes dans ce monde : le Ich prati, et le Ich Klali : l’homme individuel et l’homme de la collectivité.

 

  • Lorsque la vie d’une personne est focalisée sur le cercle fermé de ses proches, quand elle est rappelée dans le monde de la Vérité, ces derniers pleurent, car ils sont affectés à titre personnel. Ce n’est que par la suite qu’ils procèdent à l’oraison funèbre, pour rendre hommage au défunt.

 

  • Pour le Ich Klali, homme de la collectivité, il n’en est pas ainsi. La première réaction que l’on a, est de faire le constat du vide incommensurable, qu’il laisse dans le monde. Cette perte est plus douloureuse et plus dommageable pour la collectivité, que pour les proches individus de la famille. Voilà pourquoi on fait d’abord le hesped qui interpelle la collectivité, et dans un second temps, les proches versent des larmes, comme le veut la halakha.

 

Sarah est, sans conteste, la plus grande tsaddékète, que le monde n’ait jamais porté. Elle s’est efforcée pendant cent vingt-sept ans, à mener un combat pour la gloire d’Hachem, aux côtés d’Avraham Avinou.

 

J’ai pris conscience en préparant ce chi’our que j’ai eu le bonheur de dire ce Chabbat à Bné Brak, à la mémoire du ‘Hazon Ich, du Rav Chakh et de Mémé Chabba, que la yéchiva extraordinaire des millions d’élèves d’Avraham Avinou, reposait sur Sarah.

 

Nous le voyons dès que les anges sont arrivés dans le désert, alors qu’Avraham se reposait, après le troisième jour de la mila, il courut tout de suite prévenir Sarah que les invités arrivaient, afin qu’elle puisse l’aider à accomplir la mitsva de l’hospitalité.

 

Et pourtant, Sarah Iménou, ne voulait tirer aucune gloire, aucun honneur. Quand les anges interrogent Avraham : « Où es ta femme Sarah ? »

 

Il leur répond : « Elle est (cachée) dans la tente », pour insister sur sa grande pudeur, sur son comportement effacé.

 

Elle est dans l’ombre, elle accomplit la Volonté d’Hachem, sans publicité, sans rechercher le moindre salaire, uniquement pour l’amour du Nom d’Hachem. C’est sur ces êtres exceptionnels, qui font tout pour être transparents, que le monde repose.

 

Voilà pourquoi Avraham, lorsqu’il perd sa femme bien-aimée, alors qu’il a partagé plus d’un siècle de bonheur près d’elle, qu’il a découvert Hachem à ses côtés, qu’il a surmonté toutes les épreuves, grâce à son aide et son soutien, oublie sa douleur personnelle, pour que la collectivité se renforce et prenne les décisions qui s’imposent, afin de combler le vide, que Sarah a laissé dans l’humanité.

 

Á l’instar de Sarah, qui s’est oubliée toute sa vie, sans jamais penser à sa fatigue, ou à ses intérêts personnels, Avraham trouve les forces surnaturelles de faire de même à ce moment tragique.

 

Ce comportement exemplaire est le meilleur hommage, qu’il peut rendre alors à sa femme, puisqu’il résume et illustre ce qu’elle a été sa vie durant : une femme de la collectivité, la princesse du monde, qui permit à l’humanité de s’attacher au Créateur et de trouver ainsi le sens de la vie.

 

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