156e goutte d’Emouna : Juger avec indulgence et/ou réprimander ses frères avec amour

BECHEM HACHEM NAASSE VENATSLIAKH
01.06.21 – 21 Sivan 5781 (156e GOUTTE)

 

JUGER AVEC INDULGENCE ET/OU REPRIMANDER SES FRERES AVEC AMOUR

 

Chère famille,

Nous nous sommes cette semaine attachés à voir les vertus de l’humilité et celles de juger son prochain en lui accordant le bénéfice du doute.

Ces deux points sont étroitement liés et sont la base de toute relation humaine saine et durable. Nous avons vu comment Moshé Rabénou qui était le plus humble de tous les hommes, est parvenu à juger ses frères avec indulgence afin que le peuple juif trouve grâce aux yeux d’Hachem malgré toutes les fautes qu’ils avaient commises envers leur Créateur.

Le Haffetz Haïm dans son ouvrage Chmirat Halachone (Garder sa langue, traduit en français) rapporte les paroles de la Tora[1]: « tu jugeras favorablement ton prochain ». Le Talmud[2] commente ce verset, en nous disant que ce commandement consiste à accorder à son prochain le bénéfice du doute. C’est une Mitsva dont on mange l’usufruit dans ce monde, et dont le capital est réservé pour le monde futur[3]. Le Rav nous révèle que cette attitude, en plus des avantages que nous avons décrits les jours précédents, est primordiale si on veut parfaitement observer les règles de Chmirat Halachone, qui consiste à ne pas tenir des propos interdits par la Tora (médisance, calomnies, propos blessants…).

Accorder le bénéfice du doute c’est se persuader qu’une personne censée avoir commis une mauvaise action a sans doute agi involontairement ou par ignorance, ou bien qu’elle avait le droit d’agir de cette manière. Si jamais les faits entendus ne se prêtent à aucune de ces interprétations, on doit se convaincre que la personne qui nous les a rapportés a peut-être omis ou ajouter un détail qui transforme tout le tableau.

Les sages disent à ce sujet dans les Maximes des Pères[4]: « Ne juge pas ton prochain, avant de t’être trouvé à sa place ».

Cependant tout ce que nous avons vu cette semaine, ne doit pas nous faire oublier le commandement positif de la Tora de « réprimander son prochain sans porter sa faute ». Ce dernier consiste à reprendre nos frères lorsqu’ils commettent des transgressions de la Tora. Le verset précise qu’il faut le faire avec tout le tact et tout l’amour nécessaires pour montrer que l’on parle uniquement dans l’intérêt de la personne en cause.

On aurait parfois tendance à rapporter les paroles de Rabbi Akiva qui nous déclarait que dans sa génération déjà, il ne connaissait plus aucun homme qui soit en mesure et au niveau de réprimander ses frères avec amour. Pour répondre à ce problème, le Haffets Haïm, Maître de la génération d’avant-guerre, peu avant la Shoa s’était réuni à Vienne avec tous les plus grands Rabbanim et avait rapporté dans son discours une parabole pour responsabiliser chacun[5].

Un seigneur vint un jour rendre visite dans un de ses domaines. Un vassal (serviteur) courut vers lui pour l’accueillir avec un verre de thé. Mais malheur à lui, ce verre avait été préparé avec une eau à laquelle s’était mélangée du sable. Le seigneur le prit par l’oreille, lui faisant jurer de ne plus jamais utiliser de l’eau non raffinée pour les besoins du seigneur. Le vassal s’engagea fermement. Quelques temps après, il y eut un grand incendie dans le domaine du Seigneur. Le fidèle serviteur voulut sauver les biens de son maître du feu, mais il se souvint qu’il n’avait pas le droit d’utiliser n’importe quelle eau. L’eau pure était bien sur insuffisante, si bien que tout le domaine partit en fumée.

On imagine la colère du Seigneur de retour pour constater les dégâts: « Malheureux, fripon, pourquoi n’as-tu pas combattu les flammes ? » Le vassal répondit « Mais, mon Maître m’avait fait jurer de n’utiliser que de l’eau purifiée pour ses besoins! ». « Sombre idiot, cet ordre ne concernait que l’eau destinée au breuvage, mais pas celle destinée à éteindre les incendies ».

Le Haffetz Haïm expliqua à ses élèves cette parabole. Il est vrai que nous ne sommes plus au niveau d’enseigner au peuple d’étudier la Tora Lichma, c’est à dire seulement pour la gloire d’Hachem, sans rechercher les honneurs et les récompenses. (Cet élément est symbolisé par la boisson qui doit être servie avec de l’eau pure). Cependant, quand des incendies se déclarent, que des âmes du peuple juifs sont brûlées (il faisait allusion à l’assimilation, et à l’abandon des commandements d’Hachem), c’est à chacun d’entre nous qu’il incombe la responsabilité d’empêcher ces cataclysmes de toute nos forces. Pour ce faire nous nous devons de protester avec énergie, quand bien même nous nous sentirions incapables de faire évoluer la situation concrètement.

Chère famille, à nous qui sommes les dépositaires du message d’Hachem, de la Tora de Lumière dans cette génération, à nous de nous occuper de nos frères pour leur enseigner avec amour la Tora, et le peu que chacun d’entre nous connaissons. Etudier pour enseigner la Tora, à nos enfants, à nos familles, c’est éteindre le grand incendie, et c’est s’attacher des mérites et la considération d’Hachem pour l’Eternité. C’est une question de vie ou de mort. Que nous ayons tous le mérite d’écouter la voix du Haffetz Haïm, pour mériter la venue du Machiah’ dans la Techouva.

[1] Vayikra, 19,15

[2] Traité Chevou’ot 30a

[3] Traité Shabbat 127a

[4] Avot 2,5

[5] rapporté par Rav Y.I Lugassi dans Mi Lachem

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