131e goutte d’Emouna : LE PEUPLE A LA NUQUE RAIDE : Qualité ou défaut ?

BECHEM HACHEM NAASSE VENATSLIAKH
Bn̩ Brak 19.02.19 Р14 Adar 5779 (131̬me GOUTTE)

KI TISSA

LE PEUPLE A LA NUQUE RAIDE : Qualité ou défaut ?

 

Nous célébrons aujourd’hui la Hiloula du Rav Yé’hezkiel Levinstein, ancien Machgia’h de la prestigieuse yéshiva de Poniovicz,  qui éclaira le monde de la Tora et orienta tous les grands Maîtres de la pensée juive contemporaine.

Honorons sa mémoire en rapportant un de ses commentaires sur notre paracha que le Rav Kaplan évoqua. Il releva tout d’abord le fait que le peuple juif ait été qualifié à 4 reprises dans la Tora : de « ‘am kéché ‘oref » « Peuple à la nuque raide ». Ce terme péjoratif caractérise l’attitude des enfants d’Israël, qui durcissent leur nuque pour ne pas s’incliner devant les réprimandes d’Hachem et des Sages d’Israël, qui les poussa finalement à commettre la terrible faute du veau d’or.

Contre toute attente, Moshé Rabénou usa cependant de cet argument comme s’il s’agissait d’une qualité, en disant à Hachem dans le chapitre 34- verset 9: « Si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, mon Maître, daigne marcher encore au milieu de nous! Oui, ce peuple a la nuque raide mais Tu pardonneras notre iniquité et nous resterons Ton héritage ».

 Le Rav LEVINSTEIN zatsal interpréta brillamment cette contradiction en expliquant que cette nuque raide pouvait être à la fois un défaut et une qualité :

  • C’est un véritable défaut, si nous nous raidissons notre nuque face aux réprimandes de nos Sages en faisant comme bon nous semble, sans chercher à nous remettre en question pour avancer sur le chemin d’Hachem. Une telle attitude nous empèche de progresser puisqu’une des qualités requise pour acquérir la Tora est d’aimer la réprimande « Oév ète atokha’hote», ce qui est tout à fait l’inverse de la « nuque raide ».
  • D’un autre côté, il s’agit également d’une grande qualité qui a permis au Peuple juif de conserver son identité, malgré toutes les persécutions qu’il a endurées au cours de l’Histoire. Grâce à cette nuque raide, cet entêtement et cette volonté de rester fidèle à la Volonté d’Hachem même au péril de leurs vies, nos frères ont tenu durant l’inquisition ou la Shoa, face aux ennemis qui menaçaient de les tuer si ils continuaient à accomplir la Tora. Si le peuple n’avait pas eut cette « nuque dure », il n’aurait jamais pu surmonter ces terribles épreuves. Nous comprenons à présent pourquoi Moché se servit de cet argument pour plaidoyer en faveur d’Israël: car c’est précisément cette attitude, à première vue néfaste, qui allait finalement assurer sa perpétuité au fil des années.

Cette explication nous permet de comprendre  une autre contradiction qui apparait entre deux sources de nos Sages.

Le Talmud[1] nous dit d’un côté qu’un homme doit être « tendre comme le roseau et non pas rigide comme le cèdre »   « Léolam yéhé adam rakh kakané véal yéhé kaché ka’erez » et d’un autre, le Pirké Avot nous dit d’être hardi et effronté comme une panthère, ce qui apparait également dans la première loi  du Choul’hane ‘Aroukh.   

La réponse est simple mais lumineuse : lorsque l’homme est face à ses maîtres ou ses compagnons qui souhaitent son progrès spirituel et le réprimandent, il doit être tendre comme le roseau et savoir s’incliner pour mieux s’élever. En revanche, lorsqu’il est face au Yetser ‘Ara ou à toutes influences négatives contraires à l’esprit de la Tora, il doit être effronté comme une panthère pour faire triompher la Volonté d’Hachem face à l’obscurité dans laquelle on veut le plonger.

Nombreux sont les personnages qui ont illustré ce comportement exemplaire : Yaacov Avinou, Mordekhaï Hayéhoudi…

Que nous ayons le mérite d’intérioriser cette ligne de conduite qui nous permettra de nous élever sur la voie des Tsadikim.

[1] Traité Taanit 20a

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